architecte
Rénovation d'une maison des années 60
Lieu
Année
Client
Programme
Type
Veyrier
2021
Privé
265 m2
Maison individuelle
Contexte historique de cette construction : 1964-67
Edouard Nierlé achète en 1960 une parcelle au pied du Salève, dans le périmètre du village de Veyrier et qui comporte, au moment de l’acquisition, une vieille forge construite en maçonnerie de pierres. L’architecte envisage d’édifier un bâtiment comprenant deux résidences contigues : la première, la plus grande, est destinée à la famille de l’architecte et doit aussi abriter l’atelier de peintre de ce dernier. La seconde maison, plus modeste, est destinée à d’autres membres de la famille.
Le problème qui se pose à l’architecte, dès le début du projet, vu la dimension réduite du terrain, réside dans le respect du gabarit autorisé et, surtout dans celui des contraintes de limites de propriété. Ces dernières réduisaient fortement les possibilités d’emplacement de l’habitation envisagée. L’architecte décide, alors, d’entreprendre, non une construction ab nihilo, mais de transformer la bâtisse rurale existante. En effet, il maintient certaines fondations et murs originaux pour garder le nouveau projet en limite de propriété, profitant ainsi d’un grand jardin dégagé. Le reste des pierres de maçonnerie fut récupéré et coulé dans du béton pour édifier les murs périphériques des habitations. L’architecte s’adapte au contexte bâti en réutilisant une partie des matériaux, ainsi qu’en réinterprétant certains éléments architecturaux ruraux existants - les toitures à grand pan avec tuiles en terre-cuite – les avant-toits prononcés reposant sur des murs épais- les virevents à crémaillères, etc..
Edouard Nierlé propose des espaces intérieurs surprenants, aux influences avant-gardistes de son temps et reprend certains éléments caractéristiques des réalisations auxquelles il a participé au sein du bureau de Marc-Joseph Saugey, à Genève.
Rénovation 2019-2020
De 2019-2020, ce bâtiment fit l’objet d’une rénovation complète. Aucune intervention majeure n’avait été entreprise depuis sa construction. L’objectif premier a été d’en améliorer le confort thermique en isolant totalement la toiture et en remplaçant les façades vitrées avec installation de doubles vitrages, ceci tout en conservant l’aspect général original de ces dernières. Dans ce cadre, il fut nécessaire de renforcer la structure portante de la toiture, soit les poutres DIN métalliques reposant sur les piliers porteurs, ainsi que la dalle en béton armé du premier étage. Les panneaux solaires imposés par la législation genevoise ont été installés sur le toit plat du garage adjacent, ce qui a permis de ne pas altérer l’aspect général de la toiture de l’habitation, recouverte des tuiles en terre cuite d’origine.
A l’intérieur, toutes les installations sanitaires et de chauffage ont été remplacées, à l’exception de certains éléments, tels que les corps-de-chauffe, qui ont été conservés à la demande du maître d’ouvrage dans un souci de préservation d’éléments caractéristiques des choix esthétiques et techniques de l’architecte. Le revêtement en béton ciré des sols reprend l’intention initiale d’un revêtement sans joint du sol en linoleum. Afin de séparer visuellement la partie basse du salon et la chambre parentale du reste du rez-de-chaussée, un parquet y a été posé, donnant ainsi une note plus chaude et conviviale à l’ensemble, et dans lequel l’ameublement d’origine que l’architecte avait spécialement dessiné pour ce projet a retrouvé sa place. La cuisine s’ouvre désormais sur le vaisselier en béton d’origine. Modernisée pour un usage quotidien, cette cuisine communique désormais avec la salle à manger. La plupart des portes et armoires de l’habitation ont été conservées, quelque autres ont été reproduites à partir de dessins retrouvés dans les archives de l’architecte.
Les aménagements extérieurs ont été redessinés plus clairement avec des zones vertes, des zones recouvertes, soit de gravier, soit en béton, poncé et sablé. Certains nouveaux éléments en béton, tels qu’un bac à fleurs et des escaliers, sont venus s’intégrer à l’ensemble, en respectant l’aspect général de la construction. Un pas japonais, réalisé à partir de dalles de calcaire récupérées, relie désormais les deux habitations contiguës.
La réalisation, au début des années soixante, de cette construction, avait amené son concepteur à s’inspirer du bâti préexistant et, dans une certaine mesure, d’en valoriser les éléments les plus remarquables. La rénovation, qui est intervenue soixante ans plus tard, s’inscrit dans une démarche similaire, avec pour objectif principal de conserver et de valoriser, autant que faire se peut, l’existant, tout en se conformant aux plus récentes contraintes environnementales et techniques.
photo crédit: Sven Högger
Charlotte Nierlé (photo chantier)